 
          
            mag'
          
        
        
          
            33
          
        
        
          Grand angle
        
        
          Dans un monde où chacun fait usage au quotidien des outils numériques, les réfugiés ne font bien
        
        
          souvent pas exception à la règle. Le développement des technologies de l’information et de la com-
        
        
          munication transforme l’expérience de la migration, et peut faciliter l’intégration de ces exilés dans
        
        
          les pays d’accueil. Dans l’optique d’accompagner au mieux leur insertion, le Conservatoire multiplie
        
        
          les initiatives.
        
        
          P
        
        
          eu à peu, la presse se fait l’écho de cette évolution :
        
        
          le numérique est une ressource dans l’exil des
        
        
          migrants. «
        
        
          
            Aujourd’hui, les réfugiés sont connec-
          
        
        
          
            tés, même si craignant souvent d’être localisés via leur
          
        
        
          
            présence sur Internet, ils montrent une certaine
          
        
        
          
            méfiance
          
        
        
          », constate Guillaume Capelle, cofondateur et
        
        
          directeur de l’association Singa, qui favorise l’émergence
        
        
          d’espaces et d’outils de rencontre entre réfugiés et
        
        
          société d’accueil. En 2013, son association a mené une
        
        
          vaste enquête sur l’usage des technologies de l’informa-
        
        
          tion et de la communication chez les réfugiés. «
        
        
          
            Bien qu’il
          
        
        
          
            existe une fracture générationnelle et géographique, ils
          
        
        
          
            utilisent majoritairement le téléphone portable et de plus
          
        
        
          
            en plus les smartphones. Pour se repérer, ils se servent
          
        
        
          
            des outils de géolocalisation et pour garder le contact
          
        
        
          
            avec leur famille et leur communauté, des outils de
          
        
        
          
            conversation comme WhatsApp, Skype, Facebook
          
        
        
          . »
        
        
          Abdulkader, étudiant syrien arrivé en France en 2014, en
        
        
          témoigne : «
        
        
          
            Je me suis servi de mon smartphone pour
          
        
        
          
            m’orienter, trouver des traductions, et même des cours
          
        
        
          
            de français…
          
        
        
          »
        
        
          Hackathon, plateformes pour faciliter l’accès à la
        
        
          formation ou à l’emploi…
        
        
          Et pourtant, «
        
        
          
            les sites Internet d’associations ou d’insti-
          
        
        
          
            tutions qui s’occupent des réfugiés, utilisent un jargon
          
        
        
          
            administratif et juridique difficile d’accès surtout pour
          
        
        
          
            ces exilés étrangers
          
        
        
          », souligne Guillaume Capelle.
        
        
          Partant de ces constats, d’aucuns se sont saisis de l’outil
        
        
          numérique pour tenter de faciliter l’intégration des
        
        
          migrants. Parmi eux, le Conservatoire national des arts
        
        
          et métiers, qui exprime là une nouvelle facette de son
        
        
          engagement en faveur des réfugiés.
        
        
          Du 7 au 10 juin, l’intégration des migrants a été au cœur
        
        
          des réflexions menées lors d’un vaste événement au
        
        
          Musée des arts et métiers. En ouverture, un
        
        
          
            hackathon
          
        
        
          ,
        
        
          lancé par le Conservatoire, à travers l’École nationale du
        
        
          jeu et des médias interactifs numériques (Enjmin) et le
        
        
          Centre d’études et de recherche en informatique et com-
        
        
          munications (Cedric), en partenariat avec l’Université
        
        
          Paris-8 et la chaire Innovation, transmission, édition
        
        
          numériques de l’Unesco. Deux jours et demi durant, les
        
        
          étudiants
        
        
          
            gamers
          
        
        
          s’ingénièrent à développer une appli-
        
        
          cation autour de la thématique «
        
        
          
            Création numérique :
          
        
        
          
            migration autrement
          
        
        
          ». Le prototype de jeu qui en
        
        
          résulta a pour objectif de participer à l’intégration des
        
        
          réfugiés en s’adressant à la fois à eux et aux habitants
        
        
          des pays d’accueil. Dans la peau d’un migrant dépourvu
        
        
          de connaissances sur la langue et la culture du pays où il
        
        
          est arrivé, le joueur doit trouver des alliés dans la popu-
        
        
          lation locale pour décrocher un job puis mener une vie
        
        
          paisible. Un projet présenté dès le lendemain par ses
        
        
          cinq concepteurs, inscrits en master à l’Université tech-
        
        
          nologique de Cologne, lors du festival
        
        
          
            Games for Change
          
        
        
          
            Europe
          
        
        
          , où l’on s’interrogea sur l’impact des jeux vidéo
        
        
          dans l’immigration, l’intégration et la restauration de
        
        
          l’estime de soi.
        
        
          Autre preuve de son engagement, le Conservatoire vient
        
        
          de signer un mémorandum d’entente avec l’ONG alle-
        
        
          mande
        
        
          
            Kiron Open Higher Education
          
        
        
          afin de faciliter
        
        
          l’accès des réfugiés à l’enseignement supérieur et aux
        
        
          formations du Cnam. «
        
        
          
            Kiron sera chargé de faire l’in-
          
        
        
          
            ventaire des cours en ligne sur la plateforme FUN-Mooc
          
        
        
          
            qui peuvent être mis à la disposition des réfugiés
          
        
        
          »,
        
        
          explique Philippe Dedieu, directeur national du numé-
        
        
          rique au Cnam. «
        
        
          
            Dans un premier temps, l’idée serait,
          
        
        
          
            sous condition de leur réussite à ces formations, de leur
          
        
        
          
            accorder une équivalence. Ces formations seront aussi
          
        
        
          
            l’occasion de tester leur niveau de français et leurs com-
          
        
        
          
            pétences dans les disciplines choisies
          
        
        
          . »
        
        
          Afin, pour améliorer l’insertion professionnelle de ces
        
        
          exilés, l’équipe du Cnam de Rhône-Alpes étudie, quant à
        
        
          elle avec ses partenaires, la possibilité de traduire en
        
        
          langue arabe son Mooc
        
        
          
            7 semaines pour trouver le job de
          
        
        
          
            mes rêves
          
        
        
          , un cours en ligne, ludique et interactif, qui
        
        
          comptabilise déjà 12 000 inscrits. Seront par exemple
        
        
          adaptées les séquences consacrées à l’élaboration d’un
        
        
          CV ou à la présentation pour un entretien. Elles s’adres-
        
        
          seront à toute personne arabophone cherchant à travail-
        
        
          ler en France.
        
        
          
        
        
          
            Connecter pour mieux intégrer