Le Cnam mag' #5 - page 27

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Grand angle
de nos publics. Pour cela, nous disposons d’une exper-
tise avérée, notamment dans la reconnaissance des
acquis professionnels qui est l’une des problématiques
récurrentes que rencontre ces populations. Nous pou-
vons également nous appuyer sur des outils éprouvés,
comme notre charte sur l’accueil, l’information, l’orien-
tation et l’accompagnement (AIOA) qui permet de
garantir le droit à l’orientation professionnelle pour tous,
et sur la mobilisation de toutes les compétences qui font
la richesse du Conservatoire au quotidien.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l’arrivée de ces
populations sur notre territoire pose une autre question :
celle de la formation des personnes qui vont les accueil-
lir, les accompagner, les former. Là encore, le Cnam doit
être en mesure d’offrir des réponses adaptées.
Enfin, l’accueil des réfugiés et des migrants, dont une
grande majorité arrive aujourd’hui du Proche-Orient,
pose nécessairement la question de l’apprentissage de la
langue arabe, question dont l’établissement s’est saisi
depuis plus d’un an en proposant ses premiers
enseignements.
Comment cet engagement se traduit-il concrètement
sur le terrain?
Certaines initiatives sont déjà en cours. Nous avons par
exemple signé une convention de partenariat avec l’As-
sociation Pierre-Claver et nous accueillons aujourd’hui
une douzaine de leurs élèves qui suivent au Cnam des
formations dans les disciplines de leur choix. De même,
notre centre de Rhône-Alpes participe au programme
Accelair
, qui vise à soutenir l’insertion des réfugiés en
leur proposant des formations sur mesure. Enfin, nous
allons conclure un partenariat avec
Kiron Open Higher
Education
, afin de faciliter l’insertion des réfugiés dans
l’enseignement supérieur grâce notamment à la mise à
disposition de ressources en ligne.
Ces partenariats sont essentiels à nos yeux car nous ne
pourrons représenter une force réellement opérante
qu’en fédérant toutes les expertises comme tous les
savoir-faire. Et, si le Cnam ne peut bien entendu pas
accueillir tous les réfugiés du monde, pour reprendre la
première partie de la célèbre formule de Michel Rocard,
il se donne en revanche pour ambition, avec ses parte-
naires, de devenir le lieu de référence pour l’accueil et la
formation professionnelle supérieure des migrants.
Quel est le second champ où vous souhaitez que le
Cnam intervienne?
Notre second champ d’intervention répond à la néces-
sité d’informer l’ensemble de nos concitoyen.ne.s sur les
grands enjeux qui modèlent la société française, et donc
nécessairement sur la crise migratoire qui touche
actuellement l’Europe. Il est en effet essentiel pour un
établissement comme le Conservatoire d’être un lieu de
réflexion et de débats largement ouvert vers l’extérieur.
Le colloque que nous organisons le 27 juin va dans ce
sens puisqu’il rassemblera de nombreux protagonistes :
chercheur.e.s, enseignant.e.s, responsables politiques,
représentant.e.s de la société civile...
De même, notre direction de la communication a créé
début 2015, en partenariat avec l’association Première
urgence internationale, une exposition de photographies
pour témoigner de la vie quotidienne des réfugiés syriens
au Liban et en Jordanie, exposition qui a déjà été présen-
tée sur les grilles de l’établissement parisien puis dans
nos centres en Rhône-Alpes et en Pays de la Loire. Et,
elle a conçu, avec le HCR, une nouvelle exposition qui
retrace le parcours de huit femmes réfugiées à travers le
monde. Une initiative installée rue Saint-Martin le
20 juin, à l’occasion de la journée mondiale des
réfugié.e.s.
L’accueil et l’accompagnement des réfugiés en
France sont-ils la seule réponse?
Alors que la France devrait accueillir quelques dizaines
de milliers de personnes, il ne faut pas oublier que ce
sont plus de 4,5 millions de Syriens qui sont accueillis en
Turquie, en Jordanie, en Irak, en Égypte et au Liban. Il
est donc évident que nous ne pouvons pas nous conten-
ter d’être un pays d’accueil mais que face à l’urgence de
la situation humanitaire, sociale et politique que
connaissent ces pays, et dans la perspective d’une
reconstruction de la Syrie à moyen ou long termes, nous
devons aussi nous projeter à l’international, au plus près
des besoins.
C’est pourquoi nous souhaitons notamment participer
au projet
Hopes
(
Higher and Further Education
Opportunities and Perspectives for Syrians
), porté par le
Madad Fund
de l’Union européenne et le
German
Academic Exchange Service
, en partenariat avec le
British Council
, Campus France, et EP-Nuffic. Ce projet
a pour objectif d’offrir des solutions d’enseignement et
de formation aux jeunes réfugiés dans les pays limi-
trophes, et notamment au Liban qui compte plus d’un
million de personnes venant de Syrie, soit l’équivalent
d’un habitant sur cinq ! Pour cela, le Conservatoire peut
compter sur l’Institut supérieur des sciences appliquées
et économiques (Issae-Cnam), où nous formons déjà
chaque année plus de 3000 auditeurs. Ce projet s’inscrit
d’ailleurs dans la politique générale de développement
que mène l’établissement à l’international. Nous avons
en effet fait le choix, contrairement à d’autres établisse-
ments, d’être de réels partenaires du développement
économique et social des pays où nous sommes pré-
sents, en travaillant avec les acteurs locaux à la mise en
œuvre d’une offre de formation spécifique, qui répond à
leurs besoins comme à leurs enjeux.
Propos recueillis par Yvan Boude
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