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            mag'
          
        
        
          
            L’entrepreneuriat : une piste
          
        
        
          
            pour l’insertion des réfugiés?
          
        
        
          Cnam entrepreneur(s), programme de Cnam entreprises, accompagne l’action du Conservatoire en
        
        
          faveur de l’intégration des réfugiés, en soutenant l’accès de ces derniers au champ de l’entrepreneu-
        
        
          riat, et plus particulièrement à la création d’entreprise.
        
        
          D
        
        
          ans notre pays, bon nombre de jeunes créateurs
        
        
          d’entreprise s’expatrient pour créer leur entre-
        
        
          prise à la faveur d’hospices administratifs et fis-
        
        
          caux plus favorables. Malgré cela, cette perspective
        
        
          professionnelle ne peut-elle pas constituer une option
        
        
          envisageable pour le réfugié ? Ne possédant bien sou-
        
        
          vent pas les qualifications professionnelles recherchées
        
        
          par les entreprises, son insertion en tant que salarié sur
        
        
          un marché de l’emploi tendu est en effet souvent ardue.
        
        
          Néanmoins, la voie d’intégration professionnelle par
        
        
          l’entrepreneuriat est accessible à
        
        
          la condition de maîtriser non seule-
        
        
          ment les règles et principes de la
        
        
          création d’entreprise, mais aussi
        
        
          celles permettant la conduite de cette dernière dans les
        
        
          environnements concurrentiels,  ainsi que dans les com-
        
        
          plexités juridiques et organisationnelles de notre pays.
        
        
          Au risque d’une catégorisation «primaire» : qui n’a pas
        
        
          connu hier de maçons italiens, de carreleurs portu-
        
        
          gais…? Qui ne connaît pas aujourd’hui de commerçants
        
        
          asiatiques, de façadiers turcs… ? Les exemples sont
        
        
          nombreux…
        
        
          Permettre à un migrant de pouvoir exprimer ses capaci-
        
        
          tés, ses talents, ses compétences dans un projet de créa-
        
        
          tion d’entreprise est un challenge. Le programme Cnam
        
        
          entrepreneur(s) est prêt à le relever afin de répondre à
        
        
          cette question d’intérêt général.
        
        
          C’est dans cet esprit, et grâce au soutien financier de
        
        
          l’Association Pierre-Claver, que Cnam entrepreneur(s) a
        
        
          récemment accueilli, dans le cycle de préparation au
        
        
          titre Entrepreneur de petite entreprise, inscrit au
        
        
          Répertoire national des certifications professionnelles
        
        
          (niveau III), un réfugié d’origine afghane pour mener à
        
        
          bien son projet de création d’un restaurant à Paris.
        
        
          Ainsi, Saleh Popal a intégré ce cycle de formation en
        
        
          novembre 2015 et en sortira fin juin 2016. Cette partici-
        
        
          pation lui a permis de fréquenter un groupe de porteurs
        
        
          de projets relativement hétérogène : une personne d’ori-
        
        
          gine japonaise résidant en Allemagne et souhaitant
        
        
          créer un bureau d’études en France ; un cadre en recon-
        
        
          version professionnelle qui s’est engagé dans une double
        
        
          compétence (CAP de boulanger et entrepreneuriat) ; un
        
        
          interne en médecine qui souhaite créer une maison de
        
        
          santé ; un créateur de services informatiques ; une créa-
        
        
          trice d’une maison d’édition artistique…
        
        
          L’engagement de chacun dans son projet aura permis à
        
        
          Saleh Popal, au-delà des apports de la formation, de
        
        
          pouvoir mieux appréhender un point essentiel : les
        
        
          enjeux des défis culturels liés à la transposition de son
        
        
          expérience professionnelle anté-
        
        
          rieure de commerçant aux réalités
        
        
          de notre pays. Comme il le dit si
        
        
          bien « 
        
        
          
            le commerce est partout
          
        
        
          
            pareil mais il ne s’exerce pas de la même façon en
          
        
        
          
            France
          
        
        
          » !
        
        
          Cette expérience, bien que modeste, a révélé un besoin,
        
        
          non seulement dans le registre des compétences entre-
        
        
          preneuriales de base du créateur, mais aussi un besoin
        
        
          de médiation à deux niveaux distincts et complémen-
        
        
          taires :
        
        
          • celui de créer des passerelles entre les démarches
        
        
          pédagogiques franco-françaises, peut-être éloi-
        
        
          gnées de celles rencontrées dans le pays d’origine
        
        
          des stagiaires,
        
        
          • et celui de permettre une appropriation et un trai-
        
        
          tement plus efficients des réalités entrepreneu-
        
        
          riales du projet du stagiaire, grâce à un tutorat qui
        
        
          pourrait être conduit par un chef d’entreprise
        
        
          confirmé.
        
        
          À défaut de n’avoir pas vraiment réussi à maintenir nos
        
        
          forces vives de créateurs endogènes, pourquoi ne pas
        
        
          utiliser l’énergie, la soif d’indépendance de ceux qui ont
        
        
          su, dans des conditions parfois dramatiques, prendre
        
        
          leur destin en main?
        
        
          Et si, alors qu’ils sont considérés comme une «charge»,
        
        
          ces créateurs exogènes étaient les futurs pourvoyeurs
        
        
          d’emploi, demain?
        
        
          
        
        
          Par
        
        
          Jean-Claude
        
        
          Bouly
        
        
          &
        
        
          Alain
        
        
          Leroy
        
        
          
            Le commerce est partout
          
        
        
          
            pareil mais il ne s’exerce pas
          
        
        
          
            de la même façon en France !