 
          
            10
          
        
        
          
            mag'
          
        
        
          
            Décryptage
          
        
        
          1
        
        
          2
        
        
          L
        
        
          es changements de climat du passé ont provoqué
        
        
          la disparition de nombreuses espèces, des migra-
        
        
          tions de populations et des changements significa-
        
        
          tifs sur les surfaces terrestres comme sur la circulation
        
        
          des courants océaniques. L’Holocène, période géolo-
        
        
          gique relativement chaude s’étendant de 11 500 BP
        
        
          1
        
        
          à nos
        
        
          jours, a ainsi été marqué par plusieurs événements qui
        
        
          ont provoqué des changements de climat massifs. Bien
        
        
          après
        
        
          
            Göbekli Tepe
          
        
        
          (12 000 BP), le « premier temple »
        
        
          selon l’archéologue Klaus Schmidt, c’est par exemple en
        
        
          8 200 BP que l’immense lac Agassiz (estimé à
        
        
          40-150 000 km
        
        
          3
        
        
          d’eau) se jette brutalement dans la mer
        
        
          au nord du Canada, provoquant une chute massive des
        
        
          températures (5° C) sur l’hémisphère nord. Les popula-
        
        
          tions migrent alors vers le sud, comme en Mésopotamie,
        
        
          et c’est peut-être là la naissance du mythe du Paradis
        
        
          terrestre perdu. De même, c’est très probablement l’im-
        
        
          pact d’un astéroïde vers 4 200 BP
        
        
          2
        
        
          qui provoqua un
        
        
          refroidissement massif et l’effondrement des empires et
        
        
          des civilisations sur l’ensemble de la planète.
        
        
          D’autres scientifiques
        
        
          3
        
        
          estiment que le niveau actuel des
        
        
          températures est bien inférieur à celui des maxima des
        
        
          12000 dernières années. Nous sortons d’un mini-âge de
        
        
          glace. Et les «swings» de température sont très rapides
        
        
          (200 ans pour la remontée après l’événement 8200 BP).
        
        
          Nous vivons une période de changement de climat mas-
        
        
          sif. En effet, selon la
        
        
          
            Royal Society
          
        
        
          britannique
        
        
          4
        
        
           :
        
        
          • la température de la surface de la Terre a aug-
        
        
          menté de 0.8°C depuis 1900 ;
        
        
          • la concentration de CO
        
        
          2
        
        
          a augmenté de 40% depuis
        
        
          la Révolution industrielle ;
        
        
          • depuis 1970, le soleil n’a pas émis plus d’énergie
        
        
          vers la Terre, alors que celle-ci s’est réchauffée ;
        
        
          • le niveau actuel de CO
        
        
          2
        
        
          est actuellement supérieur
        
        
          à tous ceux constatés sur le dernier million d’an-
        
        
          nées par les mesures de carottes de glace au
        
        
          Groenland et en Antarctique. La concentration de
        
        
          CO
        
        
          2
        
        
          était cependant supérieure il y a plusieurs mil-
        
        
          lions d’années, époques où la température et le
        
        
          niveau des océans étaient également bien plus éle-
        
        
          vés qu’aujourd’hui.
        
        
          Il faut s’attendre à une hausse de température, «si rien
        
        
          n’est fait », de 2.6 à 4.8° C. Et, même si «on arrête tout
        
        
          aujourd’hui », le CO
        
        
          2
        
        
          ne s’éliminera qu’en quelques mil-
        
        
          liers d’années. Nous assisterons donc sans doute à des
        
        
          mouvements de migration massifs, portant sur une par-
        
        
          tie significative de la population de la Terre, qui est
        
        
          aujourd’hui de sept milliards d’habitants.
        
        
          
        
        
          Michel Béra
        
        
          
            Changements de climat
          
        
        
          
            massifs et migrations
          
        
        
          1:
        
        
          
            Before Physics
          
        
        
          :
        
        
          1
        
        
          er
        
        
          janvier 1950
        
        
          2:
        
        
          Dalfes et al.,
        
        
          
            Third Millenium BC
          
        
        
          
            Climate Change
          
        
        
          
            and Old World
          
        
        
          
            Collapse
          
        
        
          , Dalfes,
        
        
          1997.
        
        
          3:
        
        
          Koutsyiannis
        
        
          D.,
        
        
          
            EUREAU
          
        
        
          
            Workshop
          
        
        
          et Brevik
        
        
          E., Burges L.,
        
        
          
            Soils
          
        
        
          
            and Human Health
          
        
        
          ,
        
        
          CRC Press, 2012.
        
        
          4:
        
        
          
            A Short Guide
          
        
        
          
            To Climate Science
          
        
        
          ,
        
        
          The Royal Society,
        
        
          feb. 2014.
        
        
          L
        
        
          es écrans envahissent notre quotidien. On ne peut
        
        
          plus imaginer vivre sans notre téléphone portable,
        
        
          sans consulter plusieurs fois par jour notre boîte
        
        
          mail ; nous sommes reliés en permanence au monde par
        
        
          les écrans. Les parents se sentent souvent démunis
        
        
          alors que les adolescents se sont totalement appropriés
        
        
          ces nouveaux outils. Ils s’inquiètent: «
        
        
          
            Tu vas t’abîmer les
          
        
        
          
            yeux avec tes jeux vidéo !
          
        
        
          » Daphné Bavelier, professeure
        
        
          de neurosciences à l’Université de Rochester à New York
        
        
          et directrice du laboratoire Cerveau et apprentissage de
        
        
          l’Université de Genève, a montré qu’au contraire la pra-
        
        
          tique de ces jeux améliorent la vision. En outre, ils déve-
        
        
          loppent la capacité d’attention et réduisent la
        
        
          distractibilité.
        
        
          Aujourd’hui, des programmes interactifs sont proposés
        
        
          dès l’âge de trois ans ! Ils développent l’intelligence intui-
        
        
          tive et hypothético-déductive. Dans ces jeux, il ne s’agit
        
        
          pas de comprendre pour agir mais d’agir pour com-
        
        
          prendre et l’erreur n’est jamais pénalisée. Le rôle des
        
        
          parents est surtout de limiter le temps d’utilisation. C’est
        
        
          vrai aussi plus tard pour les jeux vidéo, car les enfants
        
        
          maîtrisent mal le temps. Quant au choix des jeux, la
        
        
          norme PEGI (
        
        
          
            Pan European Game Information
          
        
        
          ) fixe un
        
        
          âge souhaité et le site « pedagojeux.fr » est de bon
        
        
          conseil pour les parents.
        
        
          Plus tard, à l’adolescence, ordinateurs, smartphones,
        
        
          tablettes sont omniprésents. Or le cerveau n’a pas ter-
        
        
          miné sa maturation, surtout en ce qui concerne le
        
        
          contrôle des émotions. Il y a un décalage entre la partie
        
        
          cognitive et la partie émotionnelle. L’important est de
        
        
          parler avec l’ado de ce qu’il a vu, de le faire parler de ce
        
        
          qui l’a surpris, choqué, interpellé. Très tôt, il faut sensibi-
        
        
          liser aux effets pervers d’Internet, aux manipulations,
        
        
          aux théories du complot, à la nécessité de protéger son
        
        
          intimité, à différencier les vrais amis et les faux amis.
        
        
          Il est important de distinguer ce qui favorise les
        
        
          échanges sociaux et ce qui isole. Les adolescents qui se
        
        
          précipitent sur Facebook pour discuter avec leurs cama-
        
        
          rades qu’ils ont quittés quelques minutes plus tôt ne
        
        
          s’isolent pas de leurs pairs. Ceux qui font une partie
        
        
          d’échecs, ou de jeux vidéo avec leurs copains non plus.
        
        
          Le problème survient quand il y a focalisation totale sur
        
        
          l’écran, la console, les jeux vidéo ou en ligne.
        
        
          Les sujets fragiles psychologiquement ou en difficulté
        
        
          avec leurs parents du fait d’une absence d’encadrement
        
        
          ou, au contraire, d’un cadre trop contraignant et intrusif,
        
        
          sont des proies aux addictions, qu’il s’agisse de la
        
        
          consommation intensive de cannabis ou de cyberdépen-
        
        
          dance. Tout est une question d’équilibre.
        
        
          
        
        
          Didier Jayle
        
        
          
            Les écrans sont-ils
          
        
        
          
            dangereux pour les
          
        
        
          
            enfants?