Question sociale et politiques sociales

Code UE : PPS203-PAR

  • Cours
  • 8 crédits
  • Volume horaire de référence
    (+ ou - 10%) : 65 heures

Responsable(s)

Anne-Emmanuelle SALMON

Public, conditions d’accès et prérequis

 - candidats ayant validé toutes les UE et UA de la première année du Master SHS " Intervention et développement social " au Cnam ;
- candidats ayant validé une première année de Master dans un autre établissement supérieur ou aux titulaires d'un diplôme de deuxième cycle en sciences humaines et sociales, sous réserve d'acceptation du dossier par le responsable du Master au Cnam ;
- travailleurs sociaux titulaires d'un diplôme supérieur de travail social de niveau 1 (CAFDES, DSTS, DEIS) ;
- candidats ayant bénéficié d'une validation d'acquis (VAPP et/ou VAE) permettant soit l'autorisation de s'engager dans la formation en M2, soit des dispenses d'enseignement (voir site internet du Cnam).

Présence et réussite aux examens

Pour l'année universitaire 2022-2023 :

  • Nombre d'inscrits : 35
  • Taux de présence à l'évaluation : 74%
  • Taux de réussite parmi les présents : 100%

Objectifs pédagogiques

Le cours est structuré autour de deux points. 
La compréhension des enjeux qui ont présidé à l'avènement des politiques sociales
L'approche épistémologique de l'intervention sociale pour une réflexion sur les perspectives de l’action sociale

Compétences visées

- Connaître l'histoire des politiques sociales
- Comprendre les enjeux épistémologiques de différentes modalités d'intervention sociale (agir pour, sur ou avec)
- Situer sa pratique à l'aide d'un outillage historique, théorique et épistémologique

Pour certains auteurs, les politiques sociales peuvent être appréhendées sous l’angle d’un processus de normalisation. Ainsi, en conclusion de l’ouvrage Surveiller et punir, Michel Foucault affirme à propos des sociétés contemporaines : « Les juges de normalités y sont présents partout. Nous sommes dans la société du professeur-juge, du médecin-juge, de l’éducateur-juge, du “travailleur social”- juge ; tous font régner l’universalité du normatif. » Selon cette thèse, les sciences humaines sont impliquées dans ce processus porté par « une modalité spécifique et nouvelle de pouvoir : une certaine politique du corps, une certaine manière de rendre docile et utile l’accumulation des hommes. » Le philosophe met en évidence un triptyque pouvoir/savoir/techniques d’intervention constitutif de la modernité dont l’âge classique est l’un des marqueurs. C’est effectivement au XVIIe siècle que :
  • Sur le plan de la connaissance se construit un nouveau cadre épistémologique dont Descartes est l’une des figures emblématiques 
  • Sur le plan politique, les théories de la souveraineté offrent un socle théorique à la monarchie absolue 
  • Sur le plan institutionnel, s’établit une création inédite que Foucault nomme « le grand renfermement » par laquelle indigents, vagabonds, fous, malades et invalides sont mis hors circuit.
 
Ce triptyque donne à l’ancien régime une cohérence dont le monde contemporain garde des traces. Par-delà les ruptures et les infléchissements de sens, le lien entre le monde correctionnaire d’hier et les dispositifs de normalisation d’aujourd’hui est souligné à plusieurs reprises.  Aussi, à suivre Foucault l’avènement des démocraties qui ont pourtant balayé l’ancien régime n’aurait finalement eu sur certaines méthodes forgées à l’âge classique que des effets de distorsions. Plus doux, les moyens d’assujettissement n’en seraient pas moins insidieux et efficaces.
Cette lecture assez pessimiste peut être confortée empiriquement par l’étude des dispositifs managériaux qui encadrent actuellement les interventions sociales afin de les soumettre aux objectifs d’aide et de contrôle de publics ciblés. Il n’empêche que, dans le même temps, des initiatives (par exemple celles qui se réclament de l’économie solidaire) sont symptomatiques d’un mouvement inverse visant la démocratisation des pratiques. Ce sont en fait deux tendances contradictoires allant de la stricte expertise plus ou moins coercitive de “spécialistes-juges” à l’implication plus ou moins participative “d’usagers-citoyens”.  Ces tendances que l’on ne retrouve jamais à l’état pur offrent à l’observateur une réalité moins monolithique qu’il n’y paraît. Le cours se focalisera sur les points de tension mais aussi d’articulation entre politiques sociales/institutions et socialités démocratiques/formes de savoir. 
Le « social » est situé historiquement et les interventions dans ce domaine le sont aussi. Pour faire toucher du doigt la nouveauté de cette conceptualisation, il est utile de revenir brièvement sur l’apparition et la complexification progressive du vocabulaire du « social ». Il faudra ensuite examiner la discussion autour de l’émergence de « la question sociale » à partir des thèses de Robert Castel et de Michel Foucault. Une première trame du questionnement de ce cours peut être formulée de la façon suivante : à quelles conditions les hommes peuvent-ils envisager que les problèmes qu’ils rencontrent sont susceptibles d’être résolus par des moyens leur permettant d’agir par eux-mêmes dans une visée transformatrice de leurs conditions sociales ? Ces moyens relèvent-ils inéluctablement d’une technologie sociale aux mains de spécialistes ? Ou au contraire, l’histoire des politiques sociales offre-t-elle une image plus diversifiée dans laquelle la vision techniciste n’est qu’une modalité d’intervention, un modèle dominant certes, mais concurrencé par d’autres ?

Note de synthèse sur l’un des aspects théoriques examinés en cours.

  • M. JAEGER : Usagers ou citoyens ? De l'usage des catégories en action sociale et médico-sociale (dir.), Paris, Dunod, 259 p., 2011.
  • J-F. BAUDURET, M.JAEGER : Rénover l'action sociale et médico-sociale : histoires d'une refondation, Dunod, 2° éd., 2005.
  • J-Y. BARREYRE, B. BOUQUET (dir.) : Nouveau dictionnaire critique d'action sociale, Bayard, 2006.
  • M. FOUCAULT : Histoire de la folie à l’âge classique, Gallimard, Paris, 1972.
  • R. CASTEL : Métamorphose de la question sociale. Une chronique du salariat, Fayard, Paris, 1995.
  • A. SALMON : "Interventions sociales et démocratie : une approche épistémologique" dans Innovations démocratiques et dispositifs d’intervention, A. Laoukili, A. Salmon (dir)CONNEXIONS 111 – 2019/1
  • A. SALMON : A. Salmon, Imaginaire scientifique et modernité ordinaire, ISTE, Londres, 2018.

Cette UE apparaît dans les diplômes et certificats suivants

Contact

EPN12 Santé - solidarité - Master intervention et développement social
2 rue Conté 39.3.57
75141 Paris cedex 03
Tel :01 58 80 84 14
Joaninha CATARINO-RIAUTET et Tanguy CLECH

Centre(s) d'enseignement proposant cette formation

  • Centre Cnam Paris
    • Année 2024 / 2025 : Formation hybride soir ou samedi
    • Année 2025 / 2026 : Formation hybride soir ou samedi
    • Année 2026 / 2027 : Formation hybride soir ou samedi
    Comment est organisée cette formation ?
    2024-2025 Annuel : Formation Hybride soir ou samedi

    Dates importantes

    • Période des séances du 16/09/2024 au 07/06/2025
    • Période d'inscription : du 10/06/2024 à 10:00 au 18/10/2024 à 23:59
    • Date de 1ère session d'examen : la date sera publiée sur le site du centre ou l'ENF
    • Date de 2ème session d'examen : la date sera publiée sur le site du centre ou l'ENF

    Précision sur la modalité pédagogique

    • Une formation hybride est une formation qui combine des enseignements en présentiel selon un planning défini et des enseignements à distance avec ou sans planning défini.