Le Cnam mag' #5 - page 32

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L’entrepreneuriat : une piste
pour l’insertion des réfugiés?
Cnam entrepreneur(s), programme de Cnam entreprises, accompagne l’action du Conservatoire en
faveur de l’intégration des réfugiés, en soutenant l’accès de ces derniers au champ de l’entrepreneu-
riat, et plus particulièrement à la création d’entreprise.
D
ans notre pays, bon nombre de jeunes créateurs
d’entreprise s’expatrient pour créer leur entre-
prise à la faveur d’hospices administratifs et fis-
caux plus favorables. Malgré cela, cette perspective
professionnelle ne peut-elle pas constituer une option
envisageable pour le réfugié ? Ne possédant bien sou-
vent pas les qualifications professionnelles recherchées
par les entreprises, son insertion en tant que salarié sur
un marché de l’emploi tendu est en effet souvent ardue.
Néanmoins, la voie d’intégration professionnelle par
l’entrepreneuriat est accessible à
la condition de maîtriser non seule-
ment les règles et principes de la
création d’entreprise, mais aussi
celles permettant la conduite de cette dernière dans les
environnements concurrentiels, ainsi que dans les com-
plexités juridiques et organisationnelles de notre pays.
Au risque d’une catégorisation «primaire» : qui n’a pas
connu hier de maçons italiens, de carreleurs portu-
gais…? Qui ne connaît pas aujourd’hui de commerçants
asiatiques, de façadiers turcs… ? Les exemples sont
nombreux…
Permettre à un migrant de pouvoir exprimer ses capaci-
tés, ses talents, ses compétences dans un projet de créa-
tion d’entreprise est un challenge. Le programme Cnam
entrepreneur(s) est prêt à le relever afin de répondre à
cette question d’intérêt général.
C’est dans cet esprit, et grâce au soutien financier de
l’Association Pierre-Claver, que Cnam entrepreneur(s) a
récemment accueilli, dans le cycle de préparation au
titre Entrepreneur de petite entreprise, inscrit au
Répertoire national des certifications professionnelles
(niveau III), un réfugié d’origine afghane pour mener à
bien son projet de création d’un restaurant à Paris.
Ainsi, Saleh Popal a intégré ce cycle de formation en
novembre 2015 et en sortira fin juin 2016. Cette partici-
pation lui a permis de fréquenter un groupe de porteurs
de projets relativement hétérogène : une personne d’ori-
gine japonaise résidant en Allemagne et souhaitant
créer un bureau d’études en France ; un cadre en recon-
version professionnelle qui s’est engagé dans une double
compétence (CAP de boulanger et entrepreneuriat) ; un
interne en médecine qui souhaite créer une maison de
santé ; un créateur de services informatiques ; une créa-
trice d’une maison d’édition artistique…
L’engagement de chacun dans son projet aura permis à
Saleh Popal, au-delà des apports de la formation, de
pouvoir mieux appréhender un point essentiel : les
enjeux des défis culturels liés à la transposition de son
expérience professionnelle anté-
rieure de commerçant aux réalités
de notre pays. Comme il le dit si
bien « 
le commerce est partout
pareil mais il ne s’exerce pas de la même façon en
France
» !
Cette expérience, bien que modeste, a révélé un besoin,
non seulement dans le registre des compétences entre-
preneuriales de base du créateur, mais aussi un besoin
de médiation à deux niveaux distincts et complémen-
taires :
• celui de créer des passerelles entre les démarches
pédagogiques franco-françaises, peut-être éloi-
gnées de celles rencontrées dans le pays d’origine
des stagiaires,
• et celui de permettre une appropriation et un trai-
tement plus efficients des réalités entrepreneu-
riales du projet du stagiaire, grâce à un tutorat qui
pourrait être conduit par un chef d’entreprise
confirmé.
À défaut de n’avoir pas vraiment réussi à maintenir nos
forces vives de créateurs endogènes, pourquoi ne pas
utiliser l’énergie, la soif d’indépendance de ceux qui ont
su, dans des conditions parfois dramatiques, prendre
leur destin en main?
Et si, alors qu’ils sont considérés comme une «charge»,
ces créateurs exogènes étaient les futurs pourvoyeurs
d’emploi, demain?
Par
Jean-Claude
Bouly
&
Alain
Leroy
Le commerce est partout
pareil mais il ne s’exerce pas
de la même façon en France !
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